samedi 8 septembre 2012

Marie-José, la reine du tango


Avec ses refrains exotiques et sa voix perlée et mélodieuse, Marie-José  a probablement été l’une des chanteuses françaises les plus populaires dans les années 40 et 50. Celle qui s’était fait une spécialité du tango chanté, a souvent enregistré des chansons de films, voire doublé vocalement certains artistes de cinéma. On a tendance à oublier qu’elle a commencé sa carrière avant-guerre en tant que comédienne avant de bifurquer vers la chanson.

Née en Algérie, en 1914, d’une maman espagnole et d’un papa instituteur, Marie José a toujours adoré chanter, même si son père voyait d’un très mauvais œil  la possibilité d’une carrière artistique. Parallèlement à des  études d’infirmière, elle suit 2 ans les cours du conservatoire à Oran. Consciente de ses limites dans le domaine lyrique, elle reconnaîtra pourtant que ses cours lui ont amplement servi par la suite pour placer sa voix. En 1937, la jeune femme se rend à Paris pour passer son diplôme d’infirmière…et en profite pour essayer de concrétiser ses projets artistiques.

Elle fait un peu de figuration dans le film Naples aux baisers de feu dont la vedette est Tino Rossi. Grâce au soutien de Michel Simon, acteur de génie, la jolie brunette aux yeux de braise obtient quelques rôles un peu plus substantiels mais très secondaires dans Rappel immédiat de Léon Mathot, un bon drame sentimental avec Mireille Balin ou Ils étaient neufs célibataires, comédie désinvolte  de Sacha Guitry. Les deux films connaîtront un beau succès commercial.

En 1939, Marie José joue au théâtre aux côtés d’Alice Cocéa dans la comédie Pacifique. Elle retrouve aussi son ami Michel Simon dans le film Circonstances atténuantes, une irrésistible comédie, moult fois rediffusées à la télé dans les années 60 et 70. Le clou du film est probablement la java gouailleuse de Van Parys « comme de bien entendu » que tous les protagonistes égrainent dans un café : un vrai petit bijou de cinéma populaire d’avant-guerre ! Marie José la chante aussi partiellement même si elle avouera plus tard détester ce morceau (il est vrai très éloigné de son futur répertoire de chanteuse !). Marie José commence à graver des premiers disques dès 1938, dans un style qui fait penser à la chilienne Rosita Serrano ou à l’espagnole Imperio Argentina (dont elle reprend le célèbre Piconero). Marie José déclarera que sa principale influence fut pourtant Joséphine Baker et c’est vrai qu’après réflexion, on peut retrouver dans ses roucoulades quelques petites similitudes.

En 1942, Marie José remporte un très gros succès avec le bar de l’escadrille, une émouvante chanson qui délivrait un beau message de paix et d’espoir en pleine occupation. Son enregistrement des « fleurs sont des mots d’amour » du film la fausse maîtresse se vendra plus que la VO de Danielle Darrieux. En 1943, Marie José est donc devenu une chanteuse quand elle fait une brève apparition (dans son propre rôle) dans le chef d’œuvre de Claude Autant Lara « Douce » (elle y chante « un peu d’amour » devant une Odette Joyeux complètement désabusée) ou les caves du Majestic.

Après-guerre, Marie José va poursuivre avec un fort succès sa carrière de chanteuse (on se souvient notamment de ses tangos Impossible ou Lis moi dans la main tzigane, qui ont fait rêver toute une génération). Des airs romantiques aux paroles parfois un peu cucul comme elle le concédait elle-même, mais auxquelles sa voix vibrante et chaleureuse donnait toute la flamme nécessaire.

Marie José n’a pas pour autant entièrement tourné le dos au cinéma puisqu’elle doublera vocalement plusieurs actrices et notamment Françoise Arnoul dans son premier l’Epave (qui fera scandale en raison d’une scène déshabillée pour laquelle l’actrice sera également…doublée !!).Elle chante aussi le fameux Pigalle de Georges Ulmer dans le film 56 rue Pigalle.

Afin de consacrer le plus de temps possible à sa famille et ses trois enfants, Marie José s’éloignera des cabarets et des music halls dans les années 50, tout en continuant à graver d’innombrables disques pour les firmes Odéon puis Festival. Au passage, elle enregistra des succès des films Quai des orfèvres, l’étoile de Rio, Paradis perdu, la colline des adieux, Orfeu negro, l’étranger au paradis, les girls, la valse de l’ombre…

En dépit du grand succès du tango Si tu m’écrivais en 1961, l’arrivée des yéyés et d’un nouveau style musical vont reléguer la chanteuse au second plan. A la suite d’un accident vocal, elle décide de tout arrêter pour se consacrer au doublage en français de film espagnols ! Décidemment, le cinéma a toujours tenu une place de choix dans la vie de la chanteuse.

Grâce à Pascal Sevran, la chanteuse  a fait quelques prestations télévisées dans les années 80-90 (en play-back sur ses vieux vinyles). Décédée en 2002, elle a laissé dans le souvenir des gens qui l’ont côtoyée  l’image d’une femme pétillante, drôle et très attachante.


jeudi 28 juin 2012

Melina Mercouri, la dernière déesse grecque

Rares furent les personnalités aussi fortes, explosives, incandescentes et impétueuses que celle de la grande artiste grecque Melina Mercouri. Elle a imposé à l’écran de la vie l’image de la femme volontaire et indépendante avec du chien et un panache rarement égalé. Femme de conviction et de liberté, elle n’a cessé de mener le combat pour la démocratie, surtout lors de la dictature des colonels. Elle s’est également imposée en tant que chanteuse, grâce à quelques mélodies composées par la fameux Manos Hadjidakis qui ont fait le tour du monde. Mélina Mercoúri est née dans une famille de la grande bourgeoisie athénienne : son grand-père, fut un des maires les plus aimés d'Athènes, pendant plus de 30 ans et son père le plus jeune député de Grèce. Elle bénéficie des meilleurs professeurs et apprend toute jeune les langues étrangères. Adolescente, elle s’amourache d’un comédien, à la fureur et à la grande honte de sa famille, inquiète pour la réputation de la jeune fille. En conséquence, c’est en cachette qu’elle suivra ses premiers cours de comédie. Pour fuir le milieu familial, elle épouse à 19 ans un richissime propriétaire terrien
avec lequel elle mène une vie insouciante et tapageuse alors que la seconde guerre mondiale éclate. Pendant l’occupation, elle mène la dolce vita, avec beaucoup d’inconséquence et d’égoïsme, ce qu’elle regrettera amèrement par la suite. Elle entame une carrière de comédienne : ses talents de tragédienne sont vite distingués et reconnus. Forte de son succès, elle fonde même sa propre compagnie théâtrale, mais cette entreprise ne sera pas une réussite. En 1952, elle se rend à Paris où elle rencontre fortuitement l’auteur dramatique Marcel Achard à la terrasse d’un café : De 20 ans son ainé, il devient son amant et son mentor et la présente au microcosme intellectuel du tout- Paris. Il lui écrit sur mesure des rôles de femme dominatrice et flamboyante pour ses pièces de boulevard comme les compagnons de la Marjolaine avec Arletty ou encore le Moulin de la Galette avec Pierre Fresnay et Yvonne Printemps. Le cinéaste grec Michael Cacoyannis, futur réalisateur de Zorba le grec, lui offre son premier rôle au cinéma en 1955 dans Stella, film qui lui apporte d'emblée la notoriété. Elle y incarne une chanteuse de bouzouki femme émancipée, opposée à l’idée du mariage
Pour l’occasion, le compositeur Manos Hadjidakis, la coqueluche du Tout-Athènes, lui compose quelques mémorables chansons qu’elle interprète avec l’autorité et la séduction qu’on lui connait. On raconte que le musicien était fou amoureux de la vedette grecque : à tel point qu’il se serait tourné par la suite vers les hommes, aucune femme ne pouvant soutenir la comparaison avec Mélina ! Au festival de Cannes, Mélina est copieusement applaudie pour sa performance : elle rencontre aussi le réalisateur américain en exil Jules Dassin qui va bouleverser sa
vie ; il deviendra son mari en 1966, et le réalisateur de 8 de ses films. Dassin la met d’abord en scène dans Celui qui doit mourir, réalisé en France d’après le roman de Kazantzaki le christ recrucifié, puis la loi un mélodrame à la distribution très prestigieuse (Montand, Lollobrigida, Mastroianni), malmené par la critique mais gros succès commercial. En 1958, elle incarne une pétulante bohémienne pour Joseph Losey, un autre chassé du maccarthysme, dans un film flamboyant trouvant son inspiration dans les mélos échevelés des années 40 qui avaient fait la gloire de Margaret Lockwood. Mais de nombreuses coupures et remaniement imposés par le producteur vont beaucoup altérer le film. C’est en 1960 que Melina explose véritablement dans le chef d’œuvre de Jules Dassin Jamais le dimanche (1960), un hymne à la vie, drôle et qui lui apporte une gloire mondiale. Prix d’interprétation féminine au festival de Cannes, elle est géniale dans ce personnage de prostituée du Pirée, d’un optimisme
inaltérable, qui rit chante et danse avec effusion. L’air principal du film « les enfants du Pirée », que Melina fredonne dans le film, est encore signé Hadjidakis, connaîtra un succès foudroyant et durable et sera repris dans toutes les langues (en France par Dalida notamment). Il semblerait sue le musicien voulait à l’origine que la débutante Nana Mouskouri double la vedette pour la chanson et que Melina, vexée, l’aurait très mal pris. La nouvelle star internationale va dès lors tourner des films aussi bien en Espagne, en Italie qu’à Hollywood. Elle est très applaudie dans Phèdre(1962), transposition de la fameuse tragédie grecque à l’époque actuelle. Les journalistes sous le charme ventent « sa beauté un peu marquée, son frémissement intérieur, son allure royale et sa dignité passionnée ». Mais c’est sans doute la comédie policière Topkapi (1964) de Dassin (sur le vol d’une
épée de diamant dans le musée de Topkapi) qui marqua le plus les esprits. Inventif et léger, extrêmement distrayant, le film est un régal et Melina superbe. Elle interprète des airs d’Hadjidakis, là aussi très réussis. Si la comédie policière D pour danger (1966) comporte une chanson encore plus connue (strangers in the night par Frank Sinatra), elle n’est hélas pas du même calibre. En 1967, Dassin accepte de transposer jamais le dimanche en comédie musicale à Broadway « Ilja darling », où Melina se taille encore un beau succès personnel (320 performances). C’est alors qu’éclate un coup d’état en Grèce qui installera pour 7 ans la dictature des colonels. Melina, révoltée condamne haut et fort la prise de pouvoir par les militaires. En échange, elle sera destituée de sa nationalité et obligée de s'exiler en France. Elle décide alors d’utiliser sa notoriété au service de son opposition au nouveau régime en place. Dans des tournées internationales, elle se fait dès lors le chantre de la résistance grecque à la dictature. Elle sera même faussement accusée en 1970 d'avoir financé une tentative de renversement de la dictature.
En 1971, avec le soutien de son beau-fils Joe Dassin, Melina enregistre un disque de chansons en français. Dès la chute de la dictature, en 1974, Melina rentre en Grèce où elle entame une carrière politique qui l'amène à progressivement arrêter le cinéma. Elle sera successivement députée du Mouvement socialiste panhellénique pour Le Pirée en 1978 et Ministre de la Culture de 1981 à 1989 puis de 1993 jusqu'à sa mort. Melina Mercouri, a aussi été un soutien actif de François Mitterrand lors de la campagne de 1981. Elle s’allie à Jack Lang pour planifier un programme sur le patrimoine méditerranéen. On lui doit notamment l’idée de nommer chaque année une ville comme capitale culturelle européenne. Elle s'est battue notamment, mais sans succès, pour le retour des frises du Parthénon, exposées au British Museum, en lançant un appel passionné en 1983. Elle a également signé à Paris un accord avec des ministres de la culture de plusieurs pays Européens comme François Léotard pour aider le cinéma du vieux continent face à l'hégémonie du cinéma Américain (en Grèce, on visionne 70% de films américains !). Fumeuse invétérée,
Melina est décédée d’un cancer des poumons en 1994.

Véritable symbole de la Grèce et de la liberté, elle demeure une personnalité hors du commun, fière, instinctive et virulente, qui excède de loin le strict paysage cinématographique. Peut être parfois excessive, mais toujours sincère : une grande artiste à redécouvrir.

mardi 26 juin 2012

Jeanne Aubert, irrésistible étoile de la revue internationale

Personnalité extravagante, fantaisiste irrésistible à l’incroyable abattage, Jeanne Aubert avait plus d’une corde à son arc et ne reculait devant aucun défi. Cette jolie parisienne toute blonde à la bouche en cœur est parvenue à enflammer non seulement le public parisien mais aussi les scènes de Broadway et de Londres en se produisant dans des musicals qui ont marqué leur époque. Populaire vedette de la chanson, sa voix très haut perchée a porté au succès aussi bien de jolies sérénades que des refrains gouailleurs et coquins. Par manque de chance et de bons metteurs en scène, Jeanne Aubert a sans doute moins marqué le 7ème art, mais ce ne fut pas faute d’essayer. Née à Paris en 1900 d’une maman "vendeuse de fleurs" et de père inconnu (plus tard, elle prétendra que son papa était un aristocrate), Jeanne Aubert aurait commencé à faire du théâtre dès l’âge de 5 ans, si l’on en croit ses dires. Après avoir suivi des cours de chant, elle se produit dans la revue Miousic en 1920. De simple girl, elle devient rapidement meneuse de revue. La même année, elle fait ses premières armes au cinéma muet dans un film considéré comme perdu. Elle se produit ensuite dans une revue de Mistinguett, au Casino de Paris. Dès 1924, elle se produit aux midnight follies de l’hôtel métropole, le cabaret le plus en vue de Londres. En 1925, au Concert Mayol, dans la revue Très excitante de Varna, elle entonne "Si par hasard tu vois ma tante", un air gouailleur et entrainant qui fait d’elle une grande vedette du music-hall. Ambitieuse et déterminée, Jeanne Aubert accepte de se rendre en Amérique pour jouer dans une revue opportunément appelée Gay Paris, où la petite française doit jouer et chanter en anglais. Mais c’est surtout dans Good news de Sigmund Romberg, que Jeanne Aubert va vraiment connaître le succès (500 représentations entre 1927 et 1929 !). Certains airs de ce fameux musical sont encore connus de nos jours (on se rappelle notamment d’une très bonne version filmée « Vive l’amour » en 1947 avec June Alysson). L’artiste tente alors de ramener la formule dans ses bagages, mais la version française de ce musical, trop américain dans l’esprit peut-être, ne remportera pas le succès escompté en France. Sur tous les fronts, Jeanne Aubert tente à nouveau sa chance au cinéma : A Paris, en 1929, elle tourne dans La possession, une réalisation de Léonce Perret (d'après la pièce d'Henri Bataille) dont la vedette est la diva italienne Francesca Bertini qui faisait son grand retour après quelques années de silence. La jolie blonde est très remarquée et le journal Cinémagazine lui promet une brillante carrière et les meilleurs espoirs. C’est alors qu’elle rencontre Nelson Morris,le fils héritier du roi du corned beef américain, qui compte envahir le marché français : il aurait eu le coup de foudre en visionnant La possession ! Jeanne l’épouse mais ne peut se résoudre à abandonner la scène comme son mari lui demande. Sans son consentement, elle reprend le chemin du music hall et les échotiers craignent un drame (le riche époux voulait acheter toutes les places du théâtre pour empêcher Madame de faire son show !) Cela finira par un divorce très médiatique dont on a même parlé dans les manuels de droit international (la star réclamait une pension alimentaire de 1000 dollars par semaine). Jeanne enchaîne les revues musicales aux USA dans des spectacles signés par des noms aussi prestigieux que Rodgers & Hart, Harry Warren ou Sigmund Romberg. Dans la distribution d’un des shows figure Bob Hope, future star du cinéma américain. En Angleterre, elle récolte des critiques encore meilleures en jouant face à Dennis King dans Command performance (1933) : si le spectacle est jugé « ni très excitant, ni très amusant », on applaudit « sa voix magnifique ». Parallèlement, elle tourne, à New York deux courts métrages musicaux de Roy Mack : le rêve de l’océan et the Mysterious Kiss. En 1935, c’est le retour en France d’une vedette auréolée par un vrai succès américain, comme peu de ses consoeurs en ont connu. Elle n’a aucun mal à reconquérir son public français, grâce à la chanson. C'est une petite étoile est sur toutes les lèvres de même que le tango si tu reviens également chanté par Réda Caire. La même année, Jeanne Aubert joue dans la version londonienne du musical de Cole Porter, Anything Gœs .Elle n’y fera pas sensation comme Ethel Merman aux USA . Si elle chante avec énergie « blow gabriel blow » ou « you’re the top », certains lui reprochent pourtant de mal articuler ses chansons et de ne pas du tout convenir au rôle. Jeanne Aubert fait surtout son retour au cinéma, ou en trois ans, elle enchaîne les comédies légères et théâtrales…de médiocre qualité. Qu’il s’agisse des Epoux scandaleux de Georges Lacombe (1935), d’une femme qui se partage de Maurice Cammage (1936), de La souris bleue (1936), avec Henry Garat, on nage dans le vaudeville. Dans Passé à vendre de René Pujol (1935), elle incarne une ancienne femme légère qui veut publier ses mémoires, ce qui inquiète ses nombreux amants. Si Le grand refrain (1936) est signé Robert Siodmak, cette biographie sirupeuse dont la vedette est Fernand Gravey n’a rien de remarquable hormis un passage inspiré des chorégraphies de Berkeley. Mirages(1937), dans lequel elle joue une meneuse de revue des « Folies-Bergère » lui donne l’occasion de jouer avec des pointures aussi grandes que Michel Simon, Jean-Louis Barrault et Arletty. Le film , dans lequel Jeanne interprète 2 chansons, ne sera pas un succès pour autant et disparaîtra si vite des écrans qu’on tentera de le ressortir sous un autre titre quelques lois plus tard comme si de rien n’était ! (le film sortira en VHS dans les années 80). En somme, Jeanne a beaucoup plus de succès en tant que chanteuse de music- hall : une divette qui déroute quand elle passe d’une romance du style « je t’aime c’est tout » au plus coquin « mon cul sur la commode ». En tous les cas, les deux chansons auront autant de succès ! En 1942, Jeanne remporte le plus gros triomphe de sa carrière au théâtre Mogador dans La Veuve joyeuse de Franz Lehar, dans une mise en scène d'Henri Varna, aux côtés de Jacques Jansen : 63o représentations et pour beaucoup de critique la meilleure interprétation de la veuve : les éloges pleuvent : « incomparable, belle, racée, voix exquise ! ». On est alors en pleine occupation, et certains seront choqués par le faste du spectacle et les tenues éblouissantes de la vedette (n’avait-elle pas remporté un premier prix du chic à New York, en 1935 et à Londres en 1936 et 1937 ?) Après-guerre, si l’artiste se produit encore dans les music-halls et quelques vaudevilles, son répertoire semble déjà très démodé. De toute façon, elle n’a aucun souci d’argent, car elle partage la vie du richissime Olympe II Hériot, passionné de chasse à courre. On les voit souvent ensemble au Vésinet où Jeanne Aubert possède sa résidence secondaire le Château des Tourelles (un cadeau de son amant qui sera démoli en 1991). En 1953, Hériot décède au domicile parisien de sa maîtresse en lui lèguant 100 hectares du domaine de La Boissière, près de Rambouillet. Jeanne Aubert renoncera pourtant purement et simplement à ce legs . En 1957, Jeanne fait un étonnant comeback au cinéma dans Sénéchal le magnifique de Jean Boyer , un Fernandel de bonne facture, souvent rediffusé à la télé, où elle donne une prestation particulièrement drôle et mémorable en femme de militaire nymphomane . Par la suite, elle paraîtra encore dans quelques films et au théâtre Dans Après la chute d'Arthur Miller sous la direction de Luchino Visconti ! Elle trouvera son dernier rôle dans un feuilleton télévisé, Madame êtes-vous libre ? avec la speakerine Denise Fabre : là aussi, sa pétulance et son entrain font qu’on la remarque ! Richissime et extravagante, Jeanne Aubert vivait entourée d’innombrables souvenirs et d’oiseaux empaillés. Infiniment drôle et décalée, Politiquement, la chanteuse a toujours eu une nette préférence pour la droite,. Il semble qu’avec les années, ses idées se soient radicalisées : aussi à la fin de sa vie, elle faisait partie des rares artistes du comité de soutien de Jean-Marie le Pen, le président du FN. Jeanne Aubert est décédée en 1988, dans une maison de retraite de la région parisienne. Pour tenter de redécouvrir cette artiste très oubliée et donc une chanteuse intellectuelle comme Cora Vaucaire admirait l’éclectisme et la personnalité, il reste un double CD publié chez Marianne mélodie qui comporte notamment la version française de Solitude de Duke Ellington.

samedi 12 mai 2012

Carmen Sevilla, le plus beau sourire d'Espagne

Superbe brune à la silhouette élancée et au visage magnifique, Carmen Sevilla demeure l’une des plus grandes vedettes qu’ait connu le cinéma espagnol. De renommée internationale, elle a formé à l’écran avec le chanteur d’opérette Luis Mariano un couple légendaire qui a fait rêver toute une génération. Même si sa longue filmographie compte peu de films marquants, la belle andalouse aux grands yeux noirs a su faire preuve de beaucoup d’éclectisme et d’opportunisme en faisant évoluer son personnage de la timide vendeuse de violettes de la période franquiste à la star sensuelle et sexy des années 70. Née en 1930 à Séville, la jolie Carmen est la fille de José Garcia Padillo, auteur de chansons et éditeur d’une revue satirique. Grâce aux encouragements de sa grand-mère et d’une amie, fille du directeur d’une académie de danse, elle suit très jeune des cours de chant et de danse au conservatoire. Elle est remarquée par Estrellita Castro, star de cinéma et chanteuse très populaire pour lequel le père de Carmen a déjà écrit quelques airs connus. La célèbre artiste l’engage comme danseuse de flamenco dans sa compagnie théâtrale.
Après avoir figuré brièvement dans un documentaire de 1944, Carmen débute à l’écran en 1947 dans Sérénade espagnole, en adoptant le pseudonyme de Sevilla, le nom de sa ville natale. Il s’agit d’un biopic sur le compositeur Albeniz. Dans son second film, Carmen partage l’affiche du célèbre chanteur Jorge Negrete, superstar au Mexique. Son triomphe fait de la jeune beauté une vedette du jour au lendemain. En 1952, elle est choisie pour donner la réplique à Georges Guétary, dans un film musical français « Plume au vent ». Une belle opportunité étant donné que le chanteur d’opérette est alors au sommet de succès, auréolé par sa participation à un Américain à Paris.
Pourtant c’est son association avec un autre ténor à la voix d’or, le concurrent direct de Guétary, qui fera la gloire de Carmen. Le couple formé à l’écran dans Violettes impériales par Luis Mariano et la timide jeune fille (que la presse rajeunit de quelques années) est touchant et fait fondre le cœur de bien des midinettes d’autant plus que les journaux brodent sur une éventuelle romance trop belle pour être vraie : Luis serait tombé fou amoureux de la belle en plein tournage et l’aurait demandé en fiançailles…des fadaises destinées à couvrir les rumeurs d’homosexualité planant autour du grand chanteur. Violettes impériales (1952) est le remake d’un film muet dans lequel Raquel Meller avait brillé autrefois.
Pour une fois, le scénario est assez solide et les chansons composées par Lopez marqueront durablement les esprits (dont l’amour est un bouquet de violettes que Carmen gravera sur disque Phillips que bien plus tard). Le film sera d’ailleurs un des plus grands succès commercial des années 50. Le couple brille ensuite à l’écran dans deux adaptations à l’écran de ses opérettes à succès (Andalousie et la belle de Cadix), de qualité plus discutable, tournées parallèlement en version espagnole et française ; Carmen y exécute quelques gracieux pas de flamenco, en faisant tournoyer ses jolis jupons pendant que Luis envoie de la voix. Extrêmement populaire des deux côtés des Pyrénées, ainsi qu’au Mexique (on remarquera d’ailleurs que sur les affiches espagnoles et mexicaines, le nom de Carmen figure au dessus de celui du ténor basque), « la fiancée de l’Espagne » tourne film sur film. Parmi ces nombreuses productions, on retiendra Cuentas de la Alhambra (1950) et le remake de la Hermana de San Sulpicio qui fut dans les années 30 un des plus gros succès d’Imperio Argentina, la star des années 30, une version plutôt sympathique en Eastmancolor de la mégère apprivoisée avec l’actrice française Claudine Dupuis (l’action a été déplacée dans l’Espagne du 16ème siècle)
ou encore l’ennuyeux Don Juan avec Fernandel en Sganarelle et un John Berry, exilé pour cause de chasse aux sorcières, derrière la caméra. La vengeance (1956) de JA Bardem avec Raf Vallone, le plus doué des réalisateurs de cette époque, sera même nominé pour l’oscar du meilleur film étranger et couronné aux festivals de Cannes et de Venise. Boudé par la critique française qui n’y voit qu’un mélodrame paysan, c’est pourtant un film engagé sur la souffrance de pauvres moissonneurs sous la dictature franquiste et un des rôles les plus forts de Carmen. Le film sera d’ailleurs interdit en Espagne. Pain, amour et Andalousie (1959) est la dernière partie de la célèbre série de pimpantes et truculentes comédies italiennes avec Gina Lollobrigida. Si certains journalistes sont sous son charme et ventent les mérites d’une « comédienne fine et sensible, danseuse typique au style éblouissant possédant grâce, paeu de velours et fraîcheur fruitée, un des plus jolis sourires du monde…. » d’autres sont plus sceptiques sur son talent et son artisterie. D’aucuns n’hésiteront pas à qualifier son film Flamenco (une co-production hispano-américaine de 1957 avec l’américain Richard Kiley) d’ordure scintillante.
En effet, les films sont jolis, souvent colorés, voire trop, mais le plus souvent totalement inoffensifs, archi-conventionnels et corsetés par le régime franquiste. Doit-on préciser que le général Franco est lui-même un fan de la vedette ? En 1961, Carmen est choisie par Nicolas Ray pour incarner Marie-Madeleine dans le Roi des Rois, superproduction hollywoodienne de la vie du Christ, d’assez bonne facture même si elle sera fort décriée par la critique. La même année, elle épouse le compositeur espagnol Augusto Alguero, qui est l’auteur de quelques énormes tubes de la variété des années 60-70 chantés notamment par Nino Bravo, Connie Francis ou Marisol mais aussi les chansons du film ‘la mégère apprivoisée’.
Tout naturellement, Carmen gravera sur disques certains de ses titres les plus fameux comme Gracias ou la gente qu’elle entonne fort joliment dans le film Crucero de verano (1963). Dans une femme de cabaret (1975), elle reprendra de façon très émouvante et convaincante le « te quiero » que son mari avait écrit à l’origine pour Nino Bravo. En 1962, Carmen rejoint ses deux collègues Paquita Rico et Lola Flores dans le balcon de la lune : une affiche réunissant les 3 vedettes féminines les plus populaires du moment. Au cours des années 60, l’actrice paraît toujours dans de sympathiques comédies musicales un brin folklorique, où elle est plus belle que jamais. En 1971, elle joue face à Charlton Heston dans une fresque historique à gros budget sur Antoine et Cléopatre. Le cinéma hollywoodien cherche un second souffle tandis que le cinéma espagnol se dégage progressivement de son carcan : les films se font beaucoup plus sexy, les actrices se dénudent, même si la qualité globale ne subit pas de nette amélioration. Les cheveux éclaircis et dégagés, le décolleté plongeant, l’ex ingénue des opérettes à l’eau de rose des années 50 n’hésite pas à aborder désormais les giallos un peu corsés (le toit de cristal en 1971) ou les comédies coquines.
Qu’il s’agisse de « Strip tease à l’anglaise », « thérapie par le nu », « il n’est pas bon de laisser un homme tout seul » ou encore « sexe ou pas sexe », ça ne vole pas bien haut, comme on peut le deviner. Parfois certaines furtives scènes de nu seront coupées et réservées pour l’exportation. En 1973, elle reprend sur disque le « paroles paroles » popularisé par Dalida avec le grand comédien Francisco Rabal. A la fin des années 70, la carrière de la vedette espagnole commence à marquer le pas, engloutie par la movida et une nouvelle génération de comédiennes. En 1985, Carmen se remarie avec Vincente Patuel, un exploitant de salles de cinéma, et quitte le monde du spectacle pour s’installer dans une ferme de l’Estrémadure, où elle s’ennuie. Aussi au début des années 90, quand une chaine privée lui propose de mener des interviews sur son antenne, elle accepte à cœur joie :, sa beauté étrangement conservée (merci la chirurgie esthétique !) mais surtout sa classe, son humour et son naturel vont lui valoir un succès immédiat : pendant 20 ans, l’ancienne star va ainsi animer des talkshows et notamment
l’émission Cinéma de quartier, sur la première chaîne espagnole, où elle reçoit des collègues d’autrefois pour discuter et chanter en toute convivialité. Depuis 2010, la star octogénaire a cessé toute activité professionnelle : elle souffrirait de la maladie d’Alzheimer, qui a déjà emporté sa mère, et vit avec ses trois chiens et deux aides-soignants dans un appartement de Madrid. Nous, on ne l’oubliera pas.

jeudi 3 mai 2012

Jenny Hu, le glamour made in Hong-Kong

A Hong Kong, à partir du milieu des années 60, le studio de cinéma des Shaw brothers avait acquis une puissance et une suprématie qui faisait jeu égal avec les usines à rêve d’Hollywood : des immenses entrepôts, des écoles d’acteurs, d’innombrables techniciens et des décors gigantesques où l’on élaborait des films diffusés dans toute la Chine et notamment des films de karaté. Cependant, on y concevait également beaucoup de mélo et de comédies musicales : l’une des plus populaires et des plus jolies vedettes du genre étant certainement Jenny Hu, dont la grâce et le raffinement lui ont souvent valu de flatteuses comparaisons avec Audrey Hepburn. Née en 1945 en Chine, d’un papa chinois pharmacien et d’une maman allemande, la jolie Jenny passé son enfance à Taïwan avant de partir vivre en Allemagne après le décès de son père. Elle a toujours avoué avoir été passionnée par l’univers magique du cinéma dès sa plus tendre enfance. Tout en achevant ses études, elle prend des cours de photo et de danse. Par l’intermédiaire d’une amie, elle fait la connaissance du metteur en scène Kim Chum, qui est tellement emballé par sa beauté, qu’il l’engage immédiatement pour son nouveau film « jusqu’à la fin des temps »,
un mélodrame ultra sentimental, basé musicalement sur une polonaise de Chopin dont une chanson à succès avait été tirée jadis pour le crooner Perry Como. Pour aider son mari musicien malheureux et atteint de cécité, la belle va chanter dans les night clubs. Comme on peut le deviner, son époux (Peter Chen Ho, le Cary Grant chinois) souffre de la situation, mais tout s’arrange à la fin. Si je n’ai pas du tout été touché par ce film très lacrymal en dépit des efforts déployés par le cinéaste, grand spécialiste des films pleurnichards, le public a aimé et applaudi la nouvelle vedette. Pendant les années suivantes, la Shaw Brothers va faire fructifier son investissement en employant la jolie jenny dans une série de drames sentimentaux ou comédies musicales au style glamour, jolis écrins pour la délicate comédienne. Compte tenu de son apparence eurasienne, l’actrice n’est en revanche jamais utilisée dans les drames historiques ni les fameux films de karaté qui vont faire la renommée internationale du studio. Parmi la longue liste de films tournés par la versatile Jenny on retiendra le faucon noir (1967),
un pastiche de James Bond, Madam Slender Plum, une comédie policière hitchcockienne réalisée par Lo Wei futur découvreur de Bruce Lee et Jackie Chan (un des films favoris des fans de l’actrice) ou encore Jeunes amoureux (1970) une comédie un peu simplette sur la jeunesse mise en scène par la japonais Umetsugu. Dans un genre beaucoup plus lacrymal, on évoquera les Rivières de larmes (quel titre !), un mélo mis en scène par son mentor Kim Chum où elle incarne une chanteuse qu’un ancien amant vient faire chanter, avant que son beau-père ne l’expulse du foyer. Le réalisateur, toujours axé sur les histoires dramatiques, se suicidera avant la sortie du film sur les écrans. Si Devinez qui a tué mes 12 amants (1969), malgré son titre son titre intriguant et une Jenny Hu plus sexy que d’habitude, ne tient pas ses promesses, Amour sans fin (1970) est souvent retenu par les spécialistes parmi sa meilleure prestation : le portrait d’une provinciale naïve qui va brûler ses ailes et ses illusions dans la grand ville.
Le remake d’Ecrit sur du vent de Sirk, les torrents de désir (1969) est en revanche bien décevant. Il s’enlise rapidement comme un médiocre soap opéra, interprété de façon ridicule. Notamment Angela Yu, futur star chinoise du film érotique (elle a d’ailleurs quelques scènes topless osées pour l’époque) est catastrophique dans le personnage de sœur débauchée si brillamment joué par Dorothy Malone dans la version d’origine. Ici, les personnages n’ont aucune profondeur (on ne comprend pas bien pourquoi le jeune marié bascule dans la folie et sombre dans l’alcool) et un happy end vient rajouter un coté roman photo à 4 sous. Heureusement Jenny Hu est fort joliment doublée par une soprano qui interprète entre autre un air classique du folklore napolitain en chinois et plusieurs ballades. En effet, dans ces différents films, tristes ou gais, Jenny Hu nous gratifie de quelques charmantes chansonnettes souvent doublées par la délicieuse voix de Jin Ting. Heureusement, contrairement aux scénarii souvent bien pleurnichards de ses films, la vie de la ravissante actrice est loin d’être aussi dramatique !
En 1967, Jenny Hu tombe amoureuse de l’acteur Wei Kang lors d’un tournage : la Shaw brothers est très embarrassée par cette idylle, craignant une éventuelle désaffection du public pour la jolie célibataire qui doit rester un cœur à prendre. Pour tenter de séparer les tourtereaux, le studio les envoie sur des lieux de tournage différents. Mais l’amour est le plus fort et le couple secret parvient à se marier malgré le désaccord de leur employeur. Sans doute lasse des imitions du studio dans sa vie privée, Jenny Hu quitte la Shaw brothers en 1970 pour désormais continuer sa carrière en free-lance. Si Sister Maria (1971) engrange 700 000 dollars au box-office, les films suivants n’auront pas le même succès. Les rôles étant plus difficiles à dénicher dans un cinéma envahi par les films d’arts martiaux, Jenny prête son concours à ce genre de productions, exploitées chez nous dans des cinémas de quartier ou en vidéo. Elle joue ainsi dans Hong-Kong appelle dragon noir (alias Ninja dragon tiger) , le gang des kung fu et dans l’implacable karatéka, que la revue Ecran qualifiera laconiquement de « soja-karaté ».
Aussi en 1975, après la naissance de son second fils, l’actrice ralentit sa carrière pour se consacrer avant tout à ses proches. En 1983, elle part aux USA, à Los Angeles où son mari tient désormais une compagnie d’assurance. Il lui arrive très sporadiquement d’accepter un rôle en guest-star pour le plaisir et pour revoir Son second fils Terence Yin qui s’est lancé à son tour dans le cinéma asiatique. Après s’être essayé dans la chanson sans trop de succès en participant à un boys band, on l’a notamment vu dans le film Lara Croft le tombeau de la vie avec Angélina Jolie en 2003. Elle sera d’ailleurs nominée en 2004 pour meilleur second rôle de Yesterday once more, une comédie romantique. La très belle star des années 60, grâce aux nombreuses rééditions des DVDs de la Shaw brothers, garde encore aujourd’hui beaucoup d’admirateurs en Chine. Cette diva d’une autre époque symbolise plus que toute autre l’époque dorée et le glamour du star system à l’asiatique.

mardi 1 mai 2012

Christine Haydar, l'étoile française d'Istambul


L’histoire de Christine Haydar, c’est un conte de fée un peu insolite : comment une très jolie danseuse française issue d’une famille très humble est devenue star, non pas dans son pays mais en Turquie ! Si la chance a souvent failli lui sourire, lui réservant des rencontres incroyables avec les plus prestigieuses figures du monde du cinéma depuis sa plus tendre enfance, Christine n’a pas toujours eu l’opportunité de les saisir, et comme nul n’est prophète en son pays, c’est finalement en Turquie que la jolie blonde a rencontré la gloire. Née en 1947 à Besançon, Marie-Christine Auféril a vécu sa petite enfance à Pigalle, dans la plus grande promiscuité partageant un minuscule appartement, avec son père musicien, sa mère et ses frères et sœurs. L’acteur Daniel Cauchy, un voisin, informe la famille que Luis Bunuel recherche une gamine pour jouer dans son chef d’œuvre Cela s’appelle l’aurore (1956) : Marie-Christine gagne le petit rôle et avec le virus du spectacle. Malgré les gros soucis financiers de ses parents, elle suit des cours de danse.
Doublure lumière de Françoise Hardy dans Châteaux en Suède de Sagan, elle côtoie les plus grandes stars et entend bien s’accrocher à son rêve d’enfant, mais ne décroche que quelques rôles dans des dramatiques télévisées et pose nue pour des peintres afin d’arrondir ses fins de mois. Une activité qui va la conduire à son premier film sur grand écran : Comme au premier jour(1967), un court métrage commandé par la Fédération Française de Naturisme et tourné partiellement sur l’île du Levant, où la belle se dénude entièrement en vantant les mérites de la vie au grand air. Après deux années à roder son métier de comédienne au théâtre aux cotés de génies comiques comme Poiret et Serrault, la jeune vedette est engagée par Alain Bernardin pour danser dans son fameux cabaret, le Crazy Horse, déjà réputé pour l’ingénieuse mise en scène de ses strip teases et le raffinement de ses éclairages. Christine y danse, nue, en ombre chinoise. On la retrouve au cinéma dans deux films de Claude Pierson comme A propos de la femme (1969) et une fille libre (1971), sous son nouveau pseudo de Christine Davray).
Dans le premier, elle a fort à faire avec un mari tenté par l’adultère et dans le second, elle incarne aux cotés de Roger Hanin et Alain Doutey une jeune libertine qui finit par s'assagir et devenir une parfaite épouse ; Des comédies de mœurs coquines, dans la mouvance de mai 68, qui seront aussi exploitées à l’étranger. Christine participe aussi à un film italien, Zénabel, une fresque picaresque et déshabillée sur la fille cachée d’un noble espagnol, qui entend bien réclamer ses droits, à coup d’épées : du cinéma bis qui ne doit pas manquer de charme. Le mariage de Christine avec le photographe Jean-Yves Haydar (elle aura auparavant une courte liaison avec Alain Delon) et la naissance de son fils en 1972 vont un peu ralentir la suite de sa carrière française qui n’a rien de très prestigieux il faut bien l’avouer. Si le vieux producteur Jack Warner, rencontré chez Eddie Barclay, lui propose un contrat pour son célébrissime studio, la belle Christine, méfiante, refuse de le suivre. Dans les années 70, tout en jouant au théâtre avec Jean-Louis Barrault, la belle va poser à plusieurs reprises pour des magazines de charme dans des poses assez osées.
En 1979, le mari de Christine, qui est aussi le petit fils d’un fameux pacha (dont la famille avait jadis était chassée par Atatürk le victorieux, fondateur et le premier président de la République turque) se rend avec elle en Turquie. Contrairement à ses craintes, le couple est accueilli avec un enthousiasme délirant et tout particulièrement Christine, qui fait la une de la presse people. Auréolée d’une douce odeur de scandale en raison de ses photos sexy, l’épouse du petit fils du pacha fait le buzz : on la somme de chanter : elle part en tournée avec Zeki Müren, le chanteur N°1 du pays, on lui propose un rôle avec Cuneyt Arkin, l’Alain Delon turc. Soyons francs : la blonde dangereuse(1980) est très mauvais film : Une stupide histoire de meurtres dans la grande villa d’une star interrompue par deux numéros de catch (dont l’un dans une piscine) et deux numéros chantés par la belle, qui tourna auparavant. Si son numéro de cabaret sur la chanson pétrole (reprise langoureuse d’un succès d’ Adja Pekkan, grande star de la chanson turc depuis très longtemps) met bien en valeur sa plantureuse personne (avec une robe fendue sur le côté jusqu’en haut de la hanche), son interprétation de felicita en mini bikini sur la plage est limite ridicule.
Comme une bonne partie du film d’ailleurs (sans parler du héros qui surgit des flots pour récupérer la belle que les méchants voulaient noyer dans un sac de pommes de terre) qui de toute manière n’a pas d’autres prétentions que d’amuser : on sent une bonne part d’auto dérision (ce qui rend certains passages plutôt sympas) et surtout de négligence absolue ! En fond sonore, pendant les bains de soleil de la belle Christine on entend Julio Iglesias, ce qui rajoute au côté kitschouille de ce nanar turc. Comme l’explique la belle Christine Haydar, le film a été tourné en 15 jours, et les acteurs n’ont pas appris leurs répliques mais répètent celles qu’on leur souffle sur le plateau : ça se sent ! Christine a ensuite mené des revues dans des cabarets, se produisant tantôt devant un public exclusivement masculin, tantôt devant des salles réservées aux femmes ! Elle grave un 33 tours avec des reprises de satndards de la chanson française comme Sous le ciel de Paris. En 1983, elle joue dans la Rançon(Bedel) avec Kadir Inanir et Ekrem Bora , deux autres grandes stars turques. Le film est meilleur que le précédent, avec la belle Christine en froide tentatrice, semblant sortir tout droit d’un polar hollywoodien. Pourtant, le phénomène Haydar ne perdurera pas sur les écrans turcs : doit-on incriminer le régime militaire conservateur et autoritaire installé depuis le coup d’Etat de 1980 qui a mis un frein brutal sur tout ce qui était un peu trop sexy à l’écran ?
En France, elle tient un mini rôle dans Edith et Marcel de Lelouch en 1983. Depuis le décès de son époux en 1996, Christine Haydar se consacre à l’écriture. Publié en 1999, son roman Simone, grand prix Lafayette, a même été adapté sous forme de spectacle musical et représenté dans plusieurs théâtres parisiens. L’an dernier, la française la plus connue de Turquie a joué à Istambul dans une pièce dramatique, et il est très possible qu’on la retrouve sur une scène parisienne. En attendant, je vous invité à parcourir son blog où elle fait part de ses rencontres et expériences avec le talent d’auteur qu’on lui connaît : http://mes1000etunevies.canalblog.com/

vendredi 27 avril 2012

Misora Hibari, petite princesse de l'extrême orient

Superstar de la chanson japonaise, Misora Hibari a atteint les sommets de la célébrité au pays du soleil levant : déclarée trésor national vivant, la chanteuse aux 80 millions de disques vendus est restée une véritable icone dans son pays, bien après son décès. Grande vedette d’une multitude de comédies et mélodrames musicaux, la petite hirondelle a grandi devant les spectateurs et les a accompagné des désastreuses années d’après-guerre au formidable miracle économique. Si la chanteuse a bercé l’optimisme et l’espoir retrouvé de toute une population, sa vie privée a été un somptueux ratage : la solitude et l’amertume derrière les paillettes et le fard. Née en 1937 à Yokohama, Misora Hibari a souvent déclaré qu’elle avait appris à chanter avant de parler et toujours préféré les disques aux livres à colorier. D’origine modeste (son père est poissonnier), la gamine se fait remarquer très jeune en chantant dans les fêtes familiales. Sa maman l’inscrit à des concours de chant.
De fil en aiguille, elle décroche des rôles dans des spectacles et se produit en concert dès 8 ans, avant de débuter à l’écran dans le film Triste sifflement, l'histoire d'une gamine des rues recueillie par un vieux musicien et sa fille. Misora Hibari y fait preuve d'une très grande maturité et d’un talent évident. Il est surprenant de la voir chanter dans son petit costume à queue de pie avec son chapeau haut de forme. Même plus de 60 ans après on reste médusé par une telle assurance, un talent aussi affirmé et surtout l'absence de cabotinage et d'angélisme des petis singes savants ou fillettes en sucre : on l'céoute et on l'admire comme une artiste adulte.
Parallèlement, elle enregistre son premier 78 tours, un boogie woogie qui bât très vite des records de vente. L’année suivante, elle triomphe dans l’enfant de la rue, un mélo musical, où elle incarne une orpheline qui lutte contre l’adversité : la petite actrice est devenue un véritable symbole pour un Japon qui entend bien renaître de ses cendres. On l’acclame, on la réclame et sa mère, ravie de cette célébrité et de l’argent gagné la fait rentrer dans un engrenage infernal. La fillette va enchaîner les films d’une façon boulimique et presque irraisonnée, négligeant les études pour n’évoluer que dans un monde d’adultes, sans camarades de son âge. Complètement déconnectée de la réalité, la jeune chanteuse est adulée et applaudie mais en fait seule et malheureuse. Il est facile de faire un parallèle avec la carrière de la star américaine Judy Garland, soumise elle-aussi à un rythme infernal dès sa plus tendre enfance et victime de son succès. Musicalement, Misora va donner ses lettres de noblesse à la chanson « enka », un style musical populaire japonais datant de l'ère Shōwa, composé de balades évoquant la nostalgie du pays natal et les chagrins d’amour. Son plus grand succès sera le "Aishu hatoba" quai du chagrin date de 1960. Cependant, elle ne craint pas de s’aventurer sur d’autres territoires musicaux en enregistrant en anglais pas mal de standards du jazz ou de la variété internationale comme la vie en rose ou l’hymne à l’amour de Piaf ou Over the rainbow de Judy Garland. Très versatile, elle ne dédaigne ni les ritournelles napolitaines ni l’opéra. La chanteuse déchaîne les passions d’un public fanatique : en 1957, une admiratrice dérangée va même essayer de lui brûler le visage avec de l’acide chloridrique pendant une représentation théâtrale.
Coté cinéma, il est difficile de passer en revue les très nombreux films qu’elle a interprété : des comédies légères bâties sur des scénarii gentillets (comme le concours de produits de beauté) ou des mélodrames, sans oublier de nombreux films de chambara (cape et épée- ou plutôt sabre pour être plus précis) en costumes traditionnels produits par la firme Toei. Des films presque tous inédits en Europe et en Amérique, hormis Adorable jeunesse (janken musume) de 1955, une fantaisie musicale pimpante et colorée, truffée de chansons d’origine américaine et dans laquelle Misora chante en cœur avec Eri Chiemi et Izumi Yukimura. Elle y donne aussi une jolie version anglaise de la vie en rose. Que le film soit gai et léger ou plus grave, Misora chante à de nombreuses reprises. Ces films intègrent d’ailleurs souvent des petites pièces de théâtre chantées. Pour les besoins de l’intrigue ou des numéros musicaux, elle se déguise souvent en garçon. En Europe, pas mal de vedettes de comédies musicales s’étaient prêtées au jeu dans des films comme Victor Victoria, mais Misora se fera une spécialité de ces doubles rôles.
En 1962, elle épouse Kobayashi Akira, acteur-chanteur d’origine coréenne comme elle, très populaire à la fin des années 50 . Une union malheureuse qui sera de courte durée. Misora avouera plus tard avoir beaucoup chanté l’amour sans savoir vraiment ce dont il s’agissait ou encore que le public était le seul compagnon de sa vie. D’aucuns prétendent que la star aimait les femmes, ce qui évidemment était absolument inavouable dans les années 60. Au fil de la décennie, l’actrice raréfie ses apparitions sur le grand écran pour se concentrer surtout à la scène et au disque(elle reprend notamment Tombe la neige d’Adamo, un méga tube au Japon). Elle tourne son dernier film en 1970, une comédie d’Umetsugu, le grand spécialiste du cinéma musical, très connu pour ses œuvrettes à l’américaine tournées à Hong Kong. C’est la maman de la star qui l’avait contacté : Umetsigu a témoigné du grand professionnalisme de l’artiste et de ses qualités d’actrice dramatique En 1973, son nom est mêlé à un scandale de la mafia japonaise, quand son frère Tetsuya Katō est poursuivi pour ses malversations dans un gang et un trafic d’armes. Même si la plainte n’aboutira pas, la vedette sera tout de même bannie d’un grand show télévisé pour les fêtes de fin d’année et vivement blessée par ces évènements.
Dans les années 80, le décès de son omniprésente mère, de ses deux frères, de sa meilleure amie la chanteuse Eri Chiemi (connue pour ses nombreuses reprises de hits américains) vont beaucoup l’atteindre. La chanteuse est un peu passée de mode et ses nouveaux disques ne rencontrent plus le même succès. Misora noie son chagrin dans l’alcool et les cigarettes, ce qui va gravement nuire à sa santé. Souffrant d’une hépatite virale, de cirrhose du foie et de douleurs dorsales aigues, se produire sur scène devient un vrai calvaire. Incapable de monter des escaliers, les salles de spectacle doivent être aménagées d’ascenseurs pour véhiculer la star. Pourtant dès que les feux de la rampe s’allument, la star ne laisse rien paraître de ses souffrances. Un an avant son décès elle se produira encore sur une très grande scène de Tokyo pour un récital très applaudi. En 1989, après plusieurs séjours à l’hôpital, Misora décède d’une pneumonie à 52 ans seulement. Elle aura droit à des funérailles nationales, dignes de celles réservées aux empereurs comme Hiro-Hito décédé 5 mois plus tôt. Elle fait toujours l’objet d’un véritable culte de la part des Japonais : des hommages musicaux venant de tous les pays, une statue à Yokohama, un musée à sa gloire qui a attiré plus de 5 millions de visiteurs, des coffrets de DVDs (sans sous-titres hélas, et à des prix largement dissuasifs)…le Japon n’est pas prêt de l’oublier.

mardi 24 avril 2012

Alice Babs, Mlle Swing de Suède

La mouvance swing et la musique jazzy des grands orchestres de variété ont déferlé sur l’Europe au cours des années 30. En Suède comme ailleurs, les rythmes syncopés se sont vite imposés, et une toute jeune fille vive et charmante était là pour incarner non seulement une nouvelle façon de chanter mais aussi une nouvelle jeunesse : la souriante Alice Babs,
appelée à devenir une grande dame du jazz et
une des interprètes favorites du grand Duke Ellington.

Née en 1924 à Kalmar en Suède, Alice Babs a accompagné pendant ses jeunes années ses parents qui se produisaient dans des théâtres amateurs. Dès l’âge de 13 ans, elle recevait des propositions pour chanter dans des night-clubs de Stockholm que se famille a préféré décliner dans un premier temps. Après avoir suivi des cours de chant, elle se lance enfin à 15 ans dans les boîtes de nuit où son aptitude à chanter la tyrolienne aussi bien qu’à swinguer mélodieusement avec un soupçon de fantaisie lui vaut rapidement un succès certain. La musique américaine commence en effet à connaître un succès croissant sur les ondes, surtout auprès du public adolescent : les comédies musicales de Judy Garland et les grands orchestres de variété séduisent le public alors qu’en France commence à sévir la vogue « zazou ». Alice décroche un contrat avec une maison de disque (elle grave son premier disque en anglais en 1939 : the yodeling girl) et la firme cinématographique Filmindustri entend bien exploiter le jeune phénomène.

Dès 1940, Alice se retrouve en vedette de Mlle Swing et son professeur de Shamyl Bauman où, tout comme la toute jeune Judy Garland dans Everybody sing (1936), elle sème le trouble au collège en osant chanter du jazz et des onomatopées pendant les cours. Son prof de chant (Adolf Jahr) dont elle est secrètement amoureuse est son allié. Une intrigue simplette certes, mais le film exhale une réelle fraîcheur et candeur qu’on ne retrouve pas forcément dans les comédies musicales adolescentes un peu mécaniques tournées aux USA avec Mickey Ronney ou Deanna Durbin. Les chansons ressemblent à s’y méprendre à des succès américains du genre (le titre swing it magister présentant de fortes similitudes avec swing Mr Charlie de Garland). Aussi, on a du mal à croire que le film provoqua un vrai scandale à sa sortie chez les familles bien-pensantes, que la musique jazzy fut qualifiée de primaire et la jeune Alice traitée de petite garce tout juste bonne à "recevoir une fessée"! Il faut rappeler qu’avant-guerre la Suède était un pays très strict et très conservateur, et que les pasteurs exerçaient encore un véritable ascendant sur la vie des citoyens. Cependant le buzz sera finalement très profiteur, et le film sera distribué avec succès dans plusieurs pays d’Europe, chose rare à l’époque !

Les professeurs en vacances (1942) nous narre la suite des aventures de l’attachante Mlle Swing : un film qui ne casse pas trois pattes à un canard, mais se regarde sans souci avec ses personnages cocasses. Vocalement, les prestations sympathiques (notamment une variation swing de la barcarolle des Contes d’Hoffmann) d’Alice rappellent un peu celles de notre Irène de Trébert nationale à la même époque. Toujours en 1942, Alice joue dans En trallande jänta une gentillette orpheline qui grâce au soutien du pasteur et de tout son village devient chanteuse à Stockholm. C’est gentillet, mais ce type de spectacles est très apprécié pendant cette sombre période. En 1944, elle est pilote d’avion pour les besoins du film Ornungar : titulaire d’une licence, la chanteuse n’a pas besoin d’être doublée par les scènes de vol. Elle interprète aussi un hymne au drapeau suédois, moment patriotique bienvenu pour remonter le moral des suédois. La même année, la jeune vedette se marie : la naissance de ses trois enfants va un peu ralentir sa carrière (On la retrouve néanmoins dans le film la chanson de Stockholm (1947)).

En 1949, déjà au faîte de sa gloire dans son pays, elle entame une carrière internationale en se produisant au Festival de Jazz de Paris, où l’on peut constater qu’elle a fait pas mal de progrès depuis ses débuts.
Les critiques ventent « sa voix pure et merveilleusement timbrée ». Elle assure le doublage du dessin animé Cendrillon pour la Suède en 1950. A partir de 1953, la chanteuse se recentre sur le cinéma, notamment aux cotés de Povel Ramel, talentueux et facétieux chanteur et auteur de revues. En 1954, elle fait une tournée en Allemagne ou son répertoire composé de tyroliennes et d’airs jazzy cadre totalement avec les goûts du public : elle décroche un contrat avec une maison de disques, un premier tube en allemand (ein mann musst nicht immer schon sein) et un rôle secondaire dans un film « la rhapsodie suédoise » avec Maj-Britt Nilsson et Karlheinz Böhm. Parmi ses tubes allemands figurent notamment une version de Lollipop et de you send me de Sam Cook. Je leur préfère sa version jazzy de la chanson du film Tunnel of love de Doris Day, où l’aisance de son interprétation et sa voix mélodieuse font merveille. De retour en Suède, Alice regagne les bancs de l’école dans un musical estudiantin : mais ce n’est plus elle l’élève gentiment délurée : elle enseigne à présent (Mlle Swing et son élève 1956).

En 1958, Alice représente la Suède à l’eurovision : en costume traditionnel, elle ne joue pas la carte de la nouveauté. Pourtant, c’est en reprenant un veux tube qu’elle avait déjà gravé en 1939, qu’Alice remporte un succès en Grande Bretagne en 1963, en pleine révolution musicale : il faut dire que sa version aérienne et gentiment décoiffante d’After you’ve gone est dans l’air du temps (43ème au top anglais). La même année, Duke Ellington la remarque à la télévision, il est séduit par sa voix, et ne mâche pas ses mots : « le rêve de tout compositeur, l’artiste la plus unique qu’il connaisse » selon ses dires. La chanteuse va désormais l’accompagner lors de la plupart de ses tournées en Europe jusqu’en 1973. Le fameux compositeur, très inspiré par la religion, consacrera les dernières années de sa vie à des concerts de musique sacrée, avec Alice pour interprète féminine.

 Après le décès du maître, Alice souffrante se retire sous la Costa del sol, à Marbella plus exactement où elle réside depuis 1973 où elle se consacre à des activités religieuses (son ami Duke Ellington l’ayant rapprochée de la foi) et à des parties de golf. Mais le virus du spectacle ne l’a pas quittée et à 74 ans, elle a fait un come- back inattendu en sortant un album après 18 ans de silence ! En 1998, des concerts à guichets fermés dans les grandes villes de suède ont permis à un jeune public de redécouvrir une légendaire artiste, toujours très en voix. Depuis, Alice est retournée sur la Costa del Sol : il paraît qu’elle adore le flamenco et Paco de Lucia, et s’occuper de ses 9 petit enfants.