dimanche 28 mars 2010

Marie McDonald, "the body"








Bien avant Paris Hilton et les héroïnes de télé réalité, une certaine presse se penchait avec délectation sur les déboires de certaines vedettes tapageuses plus connues pour leurs frasques pour leurs films.
Les péripéties de la blonde pin up Marie Mc Donald ont même souvent été relatées dans la presse française alors que très peu de ses films ont été exploités chez nous.
Née en 1923 dans le Kentucky, Marie McDonald se rend à New York avec ses parents à l’âge de 15 ans. Sa maman, ancienne girl des Ziegfeld follies rêve que sa fille embrasse à son tour une destinée « artistique » . . Inscrite à tous les concours de beauté, elle rafle toutes les récompenses et notamment celle de Miss New York.
Avec un tel passeport, la belle n’a pas de mal à se faire embaucher comme girl dans les revues de George White . En route pour Hollywood, Marie a plus de mal à se faire remarquer. La 20th century Fox ne donne pas suite à ses bouts d’essai, et elle est virée du tournage de Melody lane car elle ne donne pas du tout satisfaction. Elle est même tentée de rebrousser chemin quand lors d’un gala au Hollywood Bowl, le célèbre chef d’orchestre Tommy Dorsey la remarque incidemment alors qu’elle fredonne quelques bribes de chansonnettes tout en dansant : séduit par sa voix, et son physique il lui offre une place dans sa formation. La firme Universal, lui propose alors de remplacer Maria Montez , dans la comédie de série b « deux nigauds dans une île » avec le populaire tandem Abbott et Costello. La publicité lance Marie, décolorée en blonde, en l’affublant du sobriquet ridicule de « the body » qui la poursuivra toute sa modeste carrière.
Si Marie obtient plusieurs petits rôles notamment dans Eve a commencé un des plus gros succès de Deanna Durbin, la fée blanche avec la patineuse Sonja Henie (dans lequel elle fournit un prestation tout à fait acceptable), on ne lui propose la tête d’affiche que dans des productions à très petit budget.
Si la blonde vedette ne peut s’enorgueillir de sa filmographie, elle arrive à capter l’attention du public en posant dans d’innombrables magazines en maillot de bain, deventa ainsi une des pin-up les plus prisées des soldats. Sa vie sentimentale extrêmement agitée, lui vaut aussi de nombreuses colonnes dans les journaux à scandale. elle parvient à faire annuler son mariage précoce avec une un sportif qui continuait d’avoir des rapports avec sa femme précédente et lui avait offert une alliance en pur toc. Ses liaisons avec Bruce Cabot, le gangster Bugsy Siegel ou son mariage avec le roi de la chaussure Harry Karl font jaser.
Attirée par le potentiel publicitaire de cette star plus connue par ses frasques et par sa silhouette plantureuse que pour ses talents de comédienne, Louis B Mayer, patron de la MGM et coureur de jupons lui offre un rôle aux cotés de Gene Kelly dans Living in a big way (1947) de Gregory La Cava, qui demeure un des films les moins connus du danseur, (il est toutefois rediffusé parfois sur TCM). Ce petit film anodin retient surtout l’attention pour les très jolis numéros dansés de Kelly avec les enfants ou avec un chien, chorégraphiés avec l‘aide de Stanley Donen (et rajoutés semble t‘il au dernier moment au film pour tenter de l‘améliorer). Marie défend hélas un rôle d’ingénue sans aucune consistance et danse avec Gene un numéro qui rappelle beaucoup ceux du couple Astaire et Rogers. Le tournage ne s’est pas très bien passé, le célèbre danseur appréhendait de jouer avec une « dame ne sachant ni jouer, ni danser, ni chanter » (ce qui est parfaitement injuste) imposée par le patron du studio pour des raisons personnelles. L’ambitieuse actrice n’apprécia pas du tout que son numéro de danse en solo soit coupé et paya même 14 000 dollars pour être délivrée de son contrat avec la firme du lion. Ce ne fut pas du tout un bon calcul, car la star aura le plus grand mal à retrouver un emploi par la suite, d‘autant plus que le film n‘aura aucun succès. Harry Cohn qui envisageait de lui confier le rôle principal de Born yestarday, lui préfère Judy Holliday. Elle se consolera en jouant le rôle sur scène.
Après trois films (dont un assez lamentable musical nommé hit parade of 1951 qui lui donne l‘opportunité de chanter quelques ballades), l’actrice trouve encore quelques rôles à la télé tout en continuant à faire parler d’elle dans les journaux. En 1954, sous l’emprise de l’alcool et de la drogue, elle emboutit plusieurs voitures dans un parking. Au sortir de sa garde à vue, elle prétendra avoir été malmenée par les forces de l’ordre. En 1957, la star est victime d’un enlèvement. Deux hommes (un noir et un mexicain) l’auraient kidnappée, droguée et violée, avant de la séquestrer, dans un endroit inconnu puis de l'abandonner au bord d’une route dans le désert, tout juste vêtue d’une nuisette. Le FBI et la presse ont immédiatement émis les plus gros doutes sur cet incident évoquant un « bluff publicitaire » d’une actrice en mal de célébrité voire même un désordre mental.
Le coup médiatique a néanmoins permis de remettre la star dans la lumière : elle joue dans le kid en kimono avec Jerry Lewis, enregistre un 33 tours chez RCA (assez agréable) et donne une série de tours de chant dans des night clubs. Elle flirte avec Orson Welles , Eddie Fisher et Michael Wilding, se marie à nouveau plusieurs fois « les maris étant plus faciles à trouver que les bons impresarios » pour reprendre ses dires et sombre dans l‘alcool et la drogue pour oublier ses soucis. En 1962, victime d’une grave dépression nerveuse, elle est internée dans un asile en Australie d’où elle s’évade quelques jours après! En 1963, grâce au soutien de son nouveau mari, le producteur Donald Taylor, elle remplace Mamie van Doren dans le lamentable Promises promises, comédie poussive et pas du tout drôle où Jayne Mansfield se montre nue dans quelques scènes d’anthologie (ce qui vaudra à ce navet promu par le magazine Playboy d‘être interdit dans plusieurs états).
En 1965, Marie McDonald est retrouvée morte d’une overdose. Son mari, entendu par la police, se suicidera peu après. S’agissait il d’un accident ou d’un suicide? On ne saura jamais vraiment.
La célébrité de Marie Mc Donald reposant davantage sur ses scandales que sur un réel talent, elle tombera très rapidement dans l’oubli. Un site américain lui est dédié

mardi 9 mars 2010

Jacqueline Gauthier, l'incomprise








Entre Jacqueline Gauthier et le cinéma, il y a toujours eu un malentendu. Tout de suite, la mignonne comédienne a été cataloguée dans des rôles comiques de jeunes femmes écervelées, piquantes et superficielles dans de nombreuses farces musicales ou non tournées pendant l‘occupation et l‘immédiat après-guerre. Prisonnière de rôles qui ne lui convenaient guère, l’actrice a très tôt manifesté son mécontentement…sans jamais avoir gain de cause. C’est finalement au théâtre que Jacqueline Gauthier a rencontré la notoriété et la possibilité d’aborder des personnages différents, même si elle fut toujours habitée par une insatisfaction certaine.

Née en 1918 à Paris, Jacqueline Gauthier a très tôt été attirée par la comédie ; dès l’âge de 15 ans, elle passe une audition auprès de Louis Jouvet pour le rôle d’Agnès dans l’école des femmes. Mais le célèbre acteur la rejette catégoriquement « aucune chance d’être une ingénue. Peut être plus tard le genre Spinelly ou encore Arletty. Je ne peux rien vous apprendre! ».
Recalée trois fois au conservatoire, à force de persévérance, Jacqueline est enfin retenue. Elle fait ses classes au cours Simon au coté de nombreux artistes en herbe tels que Daniel Gélin, Sophie Desmarets ou Louis de Funès.
Finalement, elle remplace Alice Cocéa au théâtre du Gymnase dans Histoire de rire et devient célèbre du jour au lendemain. Abel Gance lui propose alors un rôle important dans l’opérette de Charpentier Louise avec Grâce Moore et George Thill…mais la plupart de ses scènes finiront coupées au montage.
Pendant la guerre, Jacqueline va toutefois beaucoup tourner pour le cinéma, mais la plus souvent dans des films médiocres qui ne la mettent guère en valeur.
Elle est souvent la partenaire des chanteurs à succès du moment, notamment du grand Charles Trenet dans Frédérica (1943), platement mis en scène par Jean Boyer sur un scénario stupide ou du populaire Tino Rossi dans la sérénade aux nuages (1946) réalisée par André Cayatte qui relève le niveau.
Toujours pour Cayatte, Jacqueline joue dans Au bonheur des dames, une adaptation très réussie du roman de Zola, et probablement un de ses meilleurs films, même si son rôle est très secondaire.
Feu Nicolas (1943) farce pourtant poussive et ridicule avec fantômes en goguette sera un gros succès commercial en raison de la présence de Rellys, comédien attachant qui eut son heure de gloire au milieu des années 40. On se souvient davantage des amours de Casanova, un des films les plus populaires du chanteur Georges Guétary où Jacqueline figure parmi les conquêtes du séducteur.
Enfin, la comédie musicale Une nuit à Tabarin (1947), réalisé par un vieux routier du cinéma de divertissement le tchèque Karel Lamac (qui lança sa compagne Anny Ondra), est un très gros succès commercial. Avec ce succès personnel (Jacqueline, rayonnante, figure au sommet de l’affiche devant Robert Dhéry) qui curieusement n’a jamais fait l’objet de réédition en VHS ni DVD (et que ma mère avait adiré quand elle l'avait vu , enfant, à sa sortie), Jacqueline est à la croisée des chemins. Courageusement, elle entend profiter de ce succès personnel pour tenter de donner un tournant à sa carrière, imposer ses choix et rejeter les « personnages de jolies femmes fantaisistes et sans tête » qui lui sont proposés. N’a-t-elle pas déjà prouvé sur les planches, qu’elle pouvait tenir des rôles dramatiques (Marché noir)? Jacqueline va attendre pendant deux ans , en refusant de nombreuses propositions, lassée de cet « éternel féminin vu par le petit bout de la lorgnette ». A un moment Henri Diamant Berger envisage de lui confier le rôle de la directrice dans la maternelle, refusé par Annie Ducaux, mais recule devant la perplexité des producteurs (Marie Déa héritera du rôle). On parle également d’un film policier « Pont l’abîme », qui lui tient à cœur et qui ne verra jamais le jour.
Le journal L’écran français souhaiterait la voir diriger par Jacques Becker ou Autant-Lara…. Que de rêves perdus. Finalement, Jacqueline fera une piteuse rentrée à l’écran dans une comédie légère comme elle les déteste et fort mauvaise , Ève et le serpent. Par curiosité, on aimerait quand même revoir l’extravagante Théodora adaptation filmée d’une comédie boulevard qu’elle avait testé auparavant sur les planches avec Georges Rollin (avec lequel elle aura une liaison passionnée et contrariée), ne serait ce que pour comparer avec la version américaine où Irène Dunne tenait le rôle principal. En 1950, Jacqueline est vedette d'un musical "Ils ont 20 ans" avec Philippe Lemaire, tout juste sorti du triomphe de "nous irons à Paris".

Lasse de ne rien trouver de convenable au cinéma, Jacqueline va uniquement se consacrer au théâtre et à la radio où elle chante à l’occasion. Comparée à Gaby Morlay , Jacqueline Gauthier devient une des comédiennes les plus prisées du théâtre de boulevard. En 1959, elle triomphe avec Michel Roux dans l’effet Glapion d’Audiberti, une pièce un peu plus recherchée que les vaudevilles de base dans lesquelles on la cantonne. Outre les pièces d’André roussin on retiendra surtout sa prestation dans 40 carats de barillet et Gredy qui lui vaut encore un triomphe en 1967 (la pièce sera adaptée à l’écran avec Gene Kelly et Liv Ullman). Désormais blonde, Jacqueline Gauthier enchaîne les pièces de boulevard, souvent diffusées dans « au théâtre ce soir ». Mais le cœur n’y est plus. Vaincue par la solitude, la peur de la vieillesse et des revers de fortune , l’actrice se suicide en 1982. La nouvelle de sa mort sera complètement occultée par le décès accidentel de Grace de Monaco.
Lyliane Grandjean lui a consacré une biographie aux éditions de l’amandier.