jeudi 1 octobre 2009

Nahed Sherif, la star la plus sexy du monde arabe





















La censure a toujours sévi sur le cinéma égyptien afin que le pouvoir puisse exercer un contrôle total sur l’industrie cinématographique dans le but d’éviter tout sujet pouvant susciter l’agitation ou déchaîner les esprits. A l’exception notable des scènes de cabaret (à condition qu’ils soient propres!), les ordonnances de 1947 qui ont longtemps fixé les lois de la censure en Égypte interdisaient les scènes de sexe et de nudité, pour protéger les mœurs. Pourtant, à la fin des années 60, on a constaté un bref fléchissement de ce strict contrôle avec l’apparition à l’écran de quelques vedettes hyper sexy comme la belle Nahed Shérif qui malgré son destin tragique et sa courte existence (elle est morte à 39 ans), a illuminé de sa présence une centaine de films.

Née en 1942 à Alexandrie, Nahed Shérif a été découverte par le réalisateur Hussein El Mohandess qui la lance au cinéma au tout début des années 60, dans Tempête d’amour (1961) dans lequel elle partage la vedette avec Nadia el Guindi , débutante elle aussi ,qui deviendra sa principale concurrente dans les années 70 . Si ces toutes premières apparitions laissent un peu sceptiques les critiques, ceux-ci vont très vite souligner les progrès réalisés par la jeune actrice, quant au public, il est immédiatement séduit par sa beauté et la finesse de ses traits.

En 1963, la comédienne tombe amoureuse de Kamel el Chenawi, jeune premier fort populaire dans les années 50 (il fut le partenaire de Naima Akef dans fleur de henné) qui va devenir son second mari. Tentant pour la première fois sa chance derrière la caméra, il impose sa bien-aimée dans le rôle principal. Le résultat (a bride for one day) est maladroit et Nahed exaspérante en mijaurée qui bégaye dès qu’elle fait une bêtise ou s’éprend d’un garçon. Elle est bien meilleure dans la fille du port (1963), qui met en scène l’affrontement de deux bandes rivales.

Les films que Nahed enchaîne à cette époque (c’est probablement une des actrices les plus prolifiques du moment) sont de qualité souvent médiocre, voire franchement très mauvaise comme un bon pan de la production égyptienne il faut bien le reconnaître. Notamment, l’aspect technique ne semble pas toujours très bien maîtrisé : un innocent à la potence (1971) sera ainsi comparé aux premiers balbutiements du cinéma sonore! La plupart relatent des situations abracadabrantes et dramatiques, ponctuées de sermons faciles, comme dans les années 40 (l’argent et l’amour de H el Imane). Nahed Sharif y incarne le plus souvent la fille amorale et aguicheuse, souvent punie à la fin pour ses forfaits : dans une femme et un homme, un mélo assez réussi sur l’adultère, elle est étranglée à la fin.

En 1970, on la retrouve dans Duel à Alamein, un bon polar avec Rushdy Abaza où elle apporte une touche sensuelle et juvénile dans une histoire de contrebande dans le désert de Lybie. Un critique ne manque pas de remarquer que son rôle est tout à fait semblable à celui des vedettes italiennes qui se contentent de se balader avec deux morceaux de chiffon pour cacher ce que la censure interdit de montrer. En écrivant ces quelques lignes, le journaliste se doutait-il que l’actrice allait bientôt se passer des « morceaux de chiffon ». En effet, alors que l’évolution des mœurs et la libération sexuelle en occident laissent de plus en plus la part belle à la nudité au cinéma et qu’en France des actrices comme Mireille Darc ou Marlène Jobert ne laissent
























rien ignorer de leurs charmes, Nahed Sharif accepte probablement les scènes les plus osées de toute l’histoire du cinéma égyptien dans « les loups ne mangent pas de viande « (ou Koweït connection)-1972, un thriller érotique assez maladroit et décousu qui s’inspire de bullit et french connection, et qui a vraiment les allures d’un OVNI dans l’univers du cinéma arabe. Nahed Sherif y figure totalement nue, et partage une curieuse scène de lit avec Ezzat El Ayalli (en slip kangourou) où les deux amants caressent de blanches colombes (l‘acteur regrettera publiquement des années plus tard d‘avoir participé à ces scènes licencieuses).

Il va sans dire que les scènes les plus gênantes seront souvent coupées et le film du cinéaste libanais carrément interdit dans plusieurs pays arabes : en effet la même année, une circulaire du Président de la république Anwar el Sadat donne ordre de purger de toutes scènes de sexe les films afin qu’ils puissent être vus aussi bien par des mineurs que par les adultes!

Très active, Nahed Sherif poursuit son activité dans de nombreuses comédies de mœurs assez lourdes, comme l‘amant d‘un autre avec Nadia Lotfi (1976). Elle est également la partenaire du très populaire Adel Imam, dans quelques bouffonneries. En France, ses films ne sont pas exportés hormis certains réservés à des salles parisiennes et marseillaises destinées au public d’origine maghrébine. Seule la belle bergère (1971) , film syrien d’Atef Salem, avec Nour el shérif semble avoir fait l’objet d’une sortie chez nous.
Parmi ses innombrables films, on notera question d’amour du vieux routier de la comédie musicale Henry Barakat (1975) avec Mahmoud Yassine et surtout un monstre fait homme (1981), adaptation de Thérèse Raquin de Zola où Nahed fournit une de ses meilleures (et hélas dernière prestation).

Si l’actrice la plus sexy et la plus belle du cinéma arabe des années 70 (je lui trouve une ressemblance avec Michèle Mercier) a été rapidement contrainte de se rhabiller à l’écran (surtout après le décret de 1976 qui va marquer une radicalisation de la censure : la nudité est dorénavant interdite, quand elle outrepasse les coutumes et l’habitude de la société, mais aussi les tenues moulantes, mettant « en relief avec obscénité les diverses parties du corps » de même que (mais c‘est un autre débat) l‘exposition de problèmes sociaux qui mèneraient au désespoir et échaufferait les esprits;. Autrement dit, la belle Nahed n’a pu briller dans toute sa sensualité que quelques années , néanmoins, aucune loi n’interdisant la danse du ventre, la belle a pu encore se livrer à quelques sensuelles ondulations au rythme de la musique orientale. Car, Nahed danse dans la plupart de ses films et souvent fort bien, même si le plus souvent elle est entourée de pro du genre comme Nagwa Fouad ou Nelly auxquelles on confie les grands numéros dansés.

En 1981, Nahed Shérif est emportée par un cancer du sein, vraisemblablement du aux injections de silicone auxquelles la star avait eu recours pour gonfler sa poitrine (à l’époque, les techniques n’étaient pas très au point et au lieu d’implanter des prothèses mammaires, les chirurgiens opéraient des injections directes dans la chair , particulièrement nocives pour la santé : la star mexicaine Elvira Quintana serait décédée pour les mêmes raisons)

Que serait devenue Nahed Shérif si la mort ne l’avait pas emportée en 1981 (à 39 ans seulement). Compte tenu des qualités de comédienne qu’elle a révélé à chaque fois qu’elle était bien dirigée , il est possible qu’elle ait pu briller dans des mélodrames sociaux comme sa collègue Mervat Amin. En tous les cas, elle laissera le souvenir d’une des plus jolies comédiennes d’Hollywood sur Nil.

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