jeudi 7 mai 2009

Susanna Foster, la triste destinée d'une divette






Si l’on soumettait des cinéphiles à un quizz et qu’on leur demandait ce qu’évoque pour eux le nom de Susanna Foster, décédée cette semaine à l’âge de 84 ans, je pense que beaucoup répondraient qu’elle fut la vedette de la version 1943 du fantôme de l’opéra, mais seraient bien en peine d’ajouter d’autres précisions, tant la carrière de cette chanteuse actrice fut courte et peu glorieuse. Née en 1924 dans une famille très pauvre, la jeune Susanna, fascinée par les divettes de l’écran comme Jeanette Macdonald prend très jeune des cours de chant. A l’âge de 12 ans, elle signe un contrat avec la MGM, qui cherche une remplaçante pour la jeune Deanna Durbin qui vient de quitter le studio pour l’Universal où elle remporte un succès éclatant. La gamine se retrouve sur les bancs de l’école des stars où les élèves enfants du studio tels Mickey Rooney, Judy Garland et plus tard Elizabeth Taylor étudient l’anglais et les mathématiques entre deux tournages. Le musical mis en chantier pour lancer l’adolescente est pourtant rapidement abandonné ; Susanna refuse de jouer dans the grand national sous prétexte que le film ne comporte pas de chansons (il verra le jour 7 ans plus tard avec Elizabeth Taylor).Finalement c’est à la Paramount que l’actrice décroche enfin un rôle dans le biopic sur Victor Herbert, incarné par Allan Jones. Susanna s’y fait remarquer en chantant fort joliment la romance la plus connue du compositeur kiss me again.On raconte que le magnat de la presse Hearst et sa protégée Marion Davies, subjugués par la voix de l’adolescente lui auraient demandé de se produire pour eux en concert privé.Après deux autres films à la Paramount, Susanna est embauchée par l’Universal pour remplacer Deanna Durbin dans son remake du fantôme de l’opéra en technicolor : une production prestigieuse (chose assez rare pour cette firme à cette époque) avec le célèbre Nelson Eddy. Un film d’horreur très musical, pas mal du tout, et programmé de temps en temps à la télé. La prestation et le ramage de la blonde Susanna recueillent les critiques les plus favorables et Louella Parsons, la fameuse échotière lui prédit un brillant avenir. Pourtant tout va s’écrouler. En fait, la firme réserve les meilleurs rôles à Deanna et ne laisse à Susanna et Gloria Jean que l’ivraie. Après une série de petits musicals assez mécaniques où elle joue les filles studieuses aux cotés du bondissant Donald o’Connor, et un film d’horreur avec Boris Karloff, l’Universal lui paie un séjour en Europe avec un grand professeur de chant (mesure publicitaire, ou volonté d’en faire une grande chanteuse d’opéra de l’écran ?). En tous les cas, on ne la reverra plus dans un film. Elle joue avec son mari dans une série d’opérette à travers les USA, dont une reprise de la fugue de Mariette.Après son divorce, l’ancienne star de l’Universal va tomber de Charybde en Scylla. Elle récupère la garde de ses frères et ses sœurs que sa mère alcoolique ne peut plus assumer. Alcool, dépression, déceptions sentimentales, jalousie de son ex-mari, délinquance et problèmes de drogue de ses enfants, précarité financière (à un moment elle a trouvé un job de réceptionniste) vont avoir raison de sa santé mentale. En 1982, Suzanna Foster est devenue SDF et passe les nuits dans sa voiture garée le long de la plage de Santa Monica. Elle est secourue par un fan qui l’héberge. Mais ce dernier atteint d’une tumeur au cerveau décède ; En 1992, de façon tout à fait inespérée, Susanna décroche un rôle dans le remake du film Détour avec un de ses fils pour partenaire. Néanmoins, c’est un échec. Ecrasée par le décès de son fils ainé (cirrhose du foie) et la dépression, l’actrice n’est plus ne mesure de jouer la comédie. Placée en maison de retraite, elle vient de nous quitter.Les critiques ont toujours souligné sa très jolie voix. Cela donne envie de se replonger sur ses quelques films et de réécouter ses enregistrements. Et aussi de découvrir « there’s music in magic » où elle se livrait à une délicieuse parodie de Marlène Dietrich.Pour rendre hommage à sa maman, le fils de Susanna a placé sur youtube des extraits de ses films, des screen test et raretés . Incroyable:Et on peut trouver un passage où la star d’autrefois chante, interviewée dans sa maison de retraite. Attention, c’est dur et très émouvant.

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