samedi 11 avril 2009

Zoé Laskari, la perle grecque






L’âge d’or du cinéma grec se situe au début des années 60 : à cette époque le succès international du film Jamais le dimanche et de son héroïne Melina Mercouri, les débuts de la chanteuse Nana Mouskouri, la vogue du sirtaki, danse typique popularisée par le film Zorba le grec avaient créé un véritable engouement pour ce beau pays. La blonde Zoé Laskari a sans doute profité de cette vague, mais c’est certainement le coté sulfureux et osé de la plupart de ses films qui l’ont imposé dans de nombreux pays comme une bombe sexuelle.

Née en 1943 dans une famille de militaires, la petite Zoé perd très tôt ses parents et est élévée par ses aïeuls. A l’âge de 15 ans, la jeune fille remporte un concours de beauté qui lui vaut de participer en Californie aux sélections de Miss Univers. Découvrant qu’elle est encore mineure, le jury élimine la jolie concurrente. Cette affaire a néanmoins attiré sur elle l’attention des médias et plus particulièrement du réalisateur Giannis Dalianidis qui l’engage pour son nouveau film O katiforos (1961) pour un rôle refusé par Aliki Vougiouklaki la BB grecque car « trop provoquant ». C’est justement le coté osé du film qui va faire son succès. Devenue très célèbre l’actrice signe un contrat d’exclusivité avec la firme Finos films (qui au passage réédite sous forme de coffrets une grande partie de son catalogue en DVD). Alors que sa rivale Aliki Vougiouklaki projette une image de séductrice mutine et sexy à la Brigitte Bardot, Zoé est plutôt la mauvaise fille un peu perverse. Les cinéphiles la compareront d’ailleurs à Tuesday Weld.

Le succès est international et Miss Laskari triomphe notamment au Mexique où ses films osés font sensation (O katiforos est n°1 du box office de l’année 0 Mexixo !) . A cette époque, juste avant l’explosion des comédies érotiques scandinaves, les films de Zoé figurent probablement parmi les plus culottés de la production internationale : on y trouve plusieurs scènes de nudité et des situations parfois scabreuses, notamment dans la corruption où Zoé incarne une jeune femme emprisonnée pour avoir tué son beau-père qui tentait de la violer ou encore le plus connu « Stephania, fille perdue » 1966 dont l’affiche mentionne ce slogan racoleur « initiée par son beau-père ; double liaison avec deux amis ; en maison de redressement ; excite le désir du geôlier » ! Pour ajouter encore un peu de sel si nécessaire, une jeune délinquante de la maison de correction tombe amoureuse d’elle.

Quel programme : tout pour attirer le chaland qui passe ! Ce film vaut néanmoins bien mieux que son accroche publicitaire : c'est l'effrayant et fascinant portait d'une maison de correction, fort bien mis en scène (scène très impressionnante de la révolte et de la tentative d'évasion). On comprend également le succès remporté par ce genre de films au Mexique tant l’intrigue rocambolesque et fatale rappelle celle des rumberas des années 50, à la différence que le personnage de Zoé n’est pas ici victime des hommes et de la société mais de son propre désir : elle est amoureuse de son beau père. La scène où la caméra balaie la chambre et où l'on aperçoit Zoé blottie contre le torse de son amant puis...un autre homme endormi contre ses jambes est très audacieuse.

Parallèlement à ces films très noirs où sa sensualité est remarquable, Zoé s’est illustrée dans de nombreux films musicaux où personnellement je n’ai jamais été emballé par ses prestations. L'actrice compte davantage sur sa plastique que sur ses talents de chanteuse et de danseuse, des plus modestes. Curieusement, son personnage y est différent et beaucoup plus sage.
« Filles et baisers » n’est pas mal du tout dans son genre et louche du coté des musicals américains avec notamment une jolie scène où des bouzoukis jouent à tout rompre sans que l’on voit leur visage. La séquence a quelque chose de Busby Berkeley. Quand Zoé Laskari descend le grand escalier, avec les quelque plumes de la meneuse de revue et une sorte de string qu’on n’aurait pas vu dans un film américain, on est frappé par son manque de grâce et de talent pour la danse, surtout par rapport à sa partenaire Martha Karagianni qui semble nettement plus douée.




« Les perles grecques »1967 passe pour le film le plus coûteux du cinéma grec jusque là. On sent que Giannis Dalianidis vise la marché international en insistant sur les clichés et images d’Epinal, ainsi que les airs folkloriques. Si l’histoire est navrante et basique, les numéros de sirtakis sont en revanche particulièrement réussis et bien mis en valeur, en tous les cas mieux que le numéro yéyé de Zoé qui incarne une chanteuse de rock dans une boite d’Athènes.
Le film sera présenté hors compétition au festival de Cannes où il remportera son petit succès. Les paparazzis couvriront aussi le passage de la star sulfureuse dont les amours avec le chanteur Tolis Voskopulos (une légende de la musique moderne grecque) ou l’industriel Petros Koutoumanos font couler de l’encre dans les journaux grecs.

Mia kyria sta bouzoukia (1968) est un musical bien moyen où zoé incarne une jeune fille surprotégée par ses frères (comme souvent dans les films grecs !).
Marihuana stop (1971) avec Petros Koutoumanos semble s’inspirer d’Hair . Un musical hippy hélas filmé de façon vraiment statique comme au théâtre.
Avec le déclin du cinéma grec, Zoé Laskari va recentrer sa carrière sur le théâtre : on l’a vue dans les troyennes d’Euripide et Qui a peur de Virginia Woolf.
Toujours sexy malgré les années, Zoé a posé nue en 1985 pour l’édition grecque du magazine Playboy et continue sporadiquement à faire du théâtre et de la télévision.


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