lundi 2 mars 2009

Giselle Pascal, Mademoiselle s'amuse







La très jolie vedette des années 40 Giselle Pascal nous a quitté l'an dernier. Elle joua dans un certain nombre de comédies musicales pendant et juste après guerre, qui a défaut d’être brillantes ou originales, remportèrent un franc succès populaire.

Née en 1921 à Cannes, la jolie Giselle vend des fleurs sur les marchés quand elle est remarquée par le cinéaste Marc Allégret. Séduit par le charme naturel de la jeune fille et sa silhouette élancée, il lui propose plusieurs rôles au cinéma dans des personnages de jeune fille vive et sympathique, un peu calqués sur ceux qui firent la célébrité de Danielle Darrieux juste avant guerre. On note également une certaine ressemblance vocale (voix éthérée) entre Gisèle et l’interprète du premier rendez vous, qui s’était retirée momentanément à Megève, et avait laissé sa place vacante.
La vie de bohème (1943), somptueuse adaptation du roman de Henri Murger, agrémenté de quelques airs tirés l’opéra de Puccini, rediffusé jadis au cinéma de Minuit, lui offre à nouveau un second rôle de qualité. La coquette Giselle y chante le fameux air de Musette.

Dans la médiocre comédie « Mlle et son flirt »1945 avec Andrex, Giselle entonne un joli refrain de Loulou Gaste « un oiseau chante dans mon coeur» qui remportera un mémorable succès populaire.
Le musical le plus connu de Giselle est sans doute Mlle s’amuse (1947). Elle y campe avec beaucoup d’élégance une riche jeune fille gâtée et capricieuse dont les désirs sont des ordres, qui loue pour elle seule tout l’orchestre de Ray Ventura. C’est fort plaisant, et les chansons sont de qualité notamment la samba Maria de Bahia jouée par l’orchestre et la délicieuse romance Sans vous que Giselle chante fort joliment. Dans le même genre, mais en moins bon, collège swing (dont le titre ressemble à s’y méprendre à celui d’un film américain), ou des opérettes filmées comme Véronique (les critiques bienveillantes obtenues par ce film lors de sa sortie nous donnent l'envie de le revoir aujourd'hui. Si seulement un éditeur pouvait un jour le proposer en vidéo...) .

Dans Mlle de Paris (1956), sympathique film en couleurs bâti sur la célèbre chanson, ce n’est pas Giselle mais Jacqueline François, la célèbre crooneuse des années 50 qui chante les quelques refrains du film.
Cependant, Giselle a également eu l’occasion d’aborder un registre plus dramatique avec Dernier amour, un gros succès dramatique d'après guere dans lequel elle fournit une excellente prestation ou surtout Horizons sans fins (1952), biographie de l’aviatrice Hélène Boucher, morte tragiquement. Ce tour de force nous présente la comédienne loin de ses rôles de midinette primesautière, et est probablement resté dans l'esprit du public comme le film le plus mémorable de la vedette. Désirant sans doute s'affranchir des personnages de jeunes filles en fleur qui ont fait sa renommée, l'actrice tentera d'aborder des registres différents, en jouant une mère de famille trompée dans un mélo des plus conventionnels (Bel Amour), même si ces créations tout à fait correctes conviennent moins à son rayonnement
De surcroit, on peut regretter que la jolie Giselle n’ait tourné pour quasiment aucun des grands réalisateurs de l’époque (si l'on excepte Tourneur, Guitry ou L'Herbier), ni dans aucun chef d’œuvre. Faisant toujours passer en premier sa vie privée, l'actrice n'a pas su ou pu opérer les bons choix. Pour le grand public, elle était autant connue pour ses amours avec Claude Dauphin, Yves Montand et surtout le Prince de Monaco que pour ses rôles. Sa longue liaison avec le Prince Rainier fera couler beaucoup d’encre dans Ici Paris et Images du monde. Après des années de vie commune, Rainier sera contraint de quitter la pauvre Gisèle, d’origine trop modeste et incapable de lui donner un héritier, L'année suivante, il convolera en justes noces avec la star d’Hollywood Grace Kelly (une bonne opération commerciale pour la principauté). Etrange jeu de chaises musicales, Giselle entamera ensuite une courte liaison avec le volage Gary Cooper, un ex-amant de Miss Kelly. On les voit brièvement ensemble à la Kermesse aux étoiles dans le film Boum sur Paris, un musical avec Edith Piaf.

Cependant la romance (plus ou moins publicitaire) du cow-boy et de l’ex fiancée du prince ne durera pas plus longtemps que le séjour à Paris de Gary Cooper.
Après quelques mélos maladroitement mis en scène, Giselle épouse l’acteur Raymond Pellegrin, son partenaire du Feu dans la peau (un film intéressant, dans lequel Pellegrin est magistral et Giselle plus sexy que jamais) et disparaît des écrans, en évoquant essentiellement des problèmes de santé.
Loin des studios, l'actrice, désormais maman d'une petite file tant désirée, connaîtra de gros déboires financiers et des soucis matrimonaix,mais saura toujours garder le sourire et une extraordinaire volonté face aux épreuves de la vie et au déclin de la carrière de son mari. Dans les années 80, on l’a revu néanmoins dans des seconds rôles au cinéma (le Femme publique avec sa fille Pascale Pellegrin) et des créations plus importantes dans des séries TV suisse ou allemande, où son charme intact et son délicieux sourire apportent une plus value et une classe à des productions de seconde zone
Giselle Pascal est décédée à l’âge de 85 ans. On conserve d’elle l’image d’une comédienne charmante à la beauté naturelle, qu’on aurait aimé voir davantage et surtout dans de meilleurs films.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire